Atim signifie chien en Innu.

Je présente sur ce blog quelques courts articles sur le traîneau à chiens et sur la vie du chenil d'Aventuraid, Québec.

L'occasion pour ceux qui sont partis en expé avec nous de retrouver leurs chiens.

mardi 11 octobre 2011

Choisir une entreprise de traîneau à chiens




Attention gros dossier!

Tout le monde a envie de réussir ses vacances, mais personne ne sait à quel point il est important de choisir une bonne entreprise quand il s'agit de traîneau à chiens. JE m'en rend compte lorsque je guide une expé de canot : la rivière et la météo sont au moins aussi importantes que l'encadrement ; je ne dirais pas la même chose en ce qui concerne le traîneau à chiens.

Le traîneau à chiens est une activité qui ne ressemble à aucune autre. Parce que c'est une activité mythique, bien sûr, qui renvoie à tout un imaginaire de ruées vers l'or, d'expéditions arctiques et de chasse au caribous, mais aussi parce que c'est un sport de traction animale. Bref, du plein-air à l'état brut.

Alors bien sûr, pour choisir une entreprise, il y a les paramètres habituels : la destination et le prix, la qualité de l'encadrement et le "territoire de jeu", mais aussi d'autres paramètres propres à l'activité.


Deux types d'entreprises:

En gros, on peut dire qu'il y a deux sortes d'entreprises qui se partagent le marché : celles qui offres des sorties à l'heure ou à la journée et celles qui offrent des sorties d'une journée ou de plusieurs jours. Les premières sont généralement organisées de manière à offrir des départs rapides et faciles sur des parcours bien rodés, quand les secondes devraient privilégier une approche "école de conduite", ce qui implique d'atteler les chiens soi-même et d'avoir à sa disposition une grande variété de parcours pour adapter chaque sortie aux aptitudes des apprenti-mushers.

Il faut donc commencer à bien sonder ses motivations. Opter pour un parcours de plusieurs heures ou de plusieurs jours, ce n'est pas seulement choisir une activité plus ou moins longue, mais opter aussi pour une approche radicalement différente de l'activité. Les conseils qui suivront s'adressent à ceux qui envisagent une sortie d'une journée au moins.



Les points à prendre en compte:

1. Il y a beaucoup de consignes à entendre pour apprendre et faire en sorte que l'expérience soit la meilleure possible. Et souvent, la communication est rendue difficile par les jappements des chiens, le port de bonnets, l'angoisse du départ, etc. Opter pour une entreprise francophone peut être une bonne idée et il y en a beaucoup à travers le monde qui sont opérées par des francophones -et pas seulement au Québec.

2. La culture d'entreprise est à prendre en compte. Séjour plutôt sportif ou plutôt séjour nature? Approche technique ou simple moyen de déplacement? On aide les chiens ou on les laissent travailler seuls? Là, il faut savoir lire entre les lignes, je conseille d'aller voir la page 'équipe' sur le site internet des entreprises -la plupart en ont une- : la biographie du fondateur en dira beaucoup plus sur la culture de l'entreprise que tout ce qui pourra être écrit sur son site.

3. Le choix du territoire est un élément important. Chaque entreprise, bien sûr, est persuadée d'exploiter le meilleur de tous (ne leur dites pas, mais c'est nous qui avons le meilleur...). Mon expérience dans le domaine me donne à penser qu'un territoire trop montagneux (et donc trop technique) est à éviter. Un territoire vallonné est préférable puisque s'il présente des passages techniques, ceux-ci ne sont pas organisés en trop longues sections de descentes/montées. D'autre part, il doit exister des parcours variés et des alternatives. Quel que soit le niveau des participants, il faut penser qu'un groupe est souvent hétérogène et qu'un guide hésitera à se lancer sur un parcours "relevé" s'il sait qu'en cas de défaillance d'un des membres du groupe, il n'aura pas de solution de sortie. L'idéal, c'est le territoire libre (ni terre privée, ni parc) de sorte qu'on peut aller où on veut, quand on veut sans rendre de compte à personne.

4. Les hébergements au bois. Dormir, ce n'est pas seulement vivre une expérience, c'est aussi un rapport au territoire, en même temps qu'une fonction vitale : se reposer. Le luxe, c'est le repos maximal, mais si un chalet a l'électricité et l'eau courante en plein bois... c'est qu'il n'est pas en plein bois et vous repasserez pour le rapport intime avec la forêt. A l'inverse, une tente arctique montée le soir, c'est une proximité avec le milieu, mais du temps passé à fendre du bois au lieu d'explorer les environs en raquettes, des nuits roulé en boule dans un coin à grapiller un repos de mauvaise qualité, etc.. A chacun à placer son curseur quelquepart entre ces deux options radicales.

5. Surtout, il ne faut pas oublier que c'est un sport de traction animale et qu'une grande partie du plaisir que l'on pourra en tirer vient de la relation que l'on aura avec les chiens. Les races employées vous renseigneront sur le type d'activité proposée : malamutes ou groenlandais pour des sorties de type expé, huskies et alaskans pour des sorties rapides sur chemins bien damés. Certaines entreprises emploient des chiens de différentes races, parfois des chiens qui ne sont pas des nordiques, ce qui importe est moins le pédigrée que le type de chien employé (solide et passe-partout, ou élancé et rapide).
La taille du chenil vous renseignera sur la relation que l'entreprise a avec ses chiens. A Aventuraid, nous en avons soixante-dix et c'est déjà presque trop. Vous trouverez sans doute des gens pour vous dire qu'on peut faire un fantastique travail éducatif dans un chenil de cent ou deux cents chiens, personnellement j'en doute.

6.Et l'éthique, dans tout ça? C'est le plus difficile à évaluer et c'est pourtant le plus important: personne ne veut confier ses vacances à une entreprise qui maltraite ses chiens ou, plus simplement, s'en occupe mal. Là, il faut y aller au feeling parce qu'il y a ce que l'on dit, ce que l'on montre et ce que l'on fait, et ces trois choses peuvent être très différentes.
Quant à l'éthique vis-à-vis de l'environnement, il existe souvent des labels. Au Québec, l'Association d'Ecotourisme du Québec (AEQ) ou le Sans Trace. Ces labels ne garantissent pas qu'une entreprise met effectivement en place les points sur lesquels elle s'est engagée (il y a un manque de contrôle), seulement qu'elle y a été sensibilisée, ce qui n'est déjà pas si mal.

7. Last but not least : le guide. Les conditions de travail font qu'il y a beaucoup de turn over au sein des entreprises, il n'empêche que certaines entreprises essaient de fidéliser leurs guides, quand d'autres fonctionnent avec des employés de passage, moins chers, parfois même bénévoles. Il faut pourtant garder en tête qu'un guide a besoin d'au moins deux saisons, selon moi, pour bien connaître les chiens et le territoire, pouvoir anticiper les bagarres, reconfigurer les attelages en cours de parcours, trouver les raccourcis ou les 'ralongis', etc.


Les conseils:

- Choisir un séjour de type "école de conduite" au cours duquel les apprentis mushers attèlent eux-mêmes. Il faut dire la vérité, l'attelage est un moment épuisant et qui peut même être pénible, mais une entreprise qui choisit ce mode de fonctionnement témoigne à la fois de la confiance qu'elle place en ses chiens et d'une volonté de former les participants à l'activité.

-Privilégiez, à mon avis, des spécialistes de l'activité. Je ne veux pas faire de procès d'intention, mais une pourvoirie est une entreprise qui vit de la chasse, pas du traîneau à chiens. Si elle propose l'activité en hiver, il y a fort à parier que le reste de l'année, les chiens seront d'avantage pour elle une dépendance qu'un mode de vie.

- Si l'entreprise n'entraîne pas ses chiens, c'est un très mauvais signe. Comme je l'ai écris plus haut, la taille du chenil est une indication. S'il n'y a pas de chiens âgés, en pré-retraite ou en retraite, c'est que l'animal est probablement considéré comme une simple ressource, jetable après usage. Voilà qui en dit long sur l'éthique de l'entreprise.

- Privilégier les entreprises qui font un effort pour garder leurs guides d'une année à l'autre et qui assurent leur formation, notamment en secourisme. Il ne faut pas oublier que dans beaucoup de pays (et c'est le cas au Québec), le métier de guide est très peu encadré. Au Québec, un guide ne devrait pas pouvoir vous emmener en expédition de plusieurs jours hors des terres privées sans une formation en secourisme en milieu sauvage et régions éloignées.

- La taille des groupes est un facteur important puisque plus le groupe est grand, plus l'inertie est grande, et moins le guide est disponible. Personnellement, j'ai tendance à laisser beaucoup de liberté aux participants quand le groupe est restreint. Au-delà de quatre traîneaux, le guide devrait être assisté (ce qui correspond aux normes de l'AEQ).

- Puisqu'il faut parler des prix, comparez le comparable : taxes incluses ou non, avec transport ou non.

- Enfin, méfiance sur les forums. Un séjour réussi, c'est une adéquation entre ses envies et la prestation. Un séjour "trop difficile" pour l'un ne sera "pas assez engagé" pour l'autre. C'est pourquoi, dans les forums, les commentaires finissent toujours par tourner autour de la nourriture et du caractère du guide, ce qui est important, mais pas essentiel. Une discussion au téléphone avec le prestataire sera une meilleure indication.
Et puis, il y a les professionnels qui laissent des "avis" sur leur entreprise sans préciser qu'ils en sont les propriétaires, parfois même sous un pseudo. Un forum, ce n'est pas comme du "bouche à oreille" (à mon avis la meilleure source d'information: cherchez autour de vous, il y a forcément quelqu'un qui connaît quelqu'un qui...)

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